L'exode de Paul Thibault ...
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exode d'une famille française en 1940
Paul Thibaut, dont le père est cantonnier à Montmirail a quatorze ans lorsqu’il quitte avec sa famille sa maison bombardée de nuit par le canon. Des bruits ont couru au village ; les chars approchent ! Pas d’ordre du maire ou de l’armée. Les gens partent d’eux-mêmes, pour se mettre à l’abri. Tous ceux du pays ont attelé les chevaux aux charrettes et pris la route.
Les Thibaut ont emmené dans un landau leur bébé né le 21 mai. La peur est telle qu’ils prennent le risque de partir avec un nouveau-né. Qu’on ne leur reproche pas leur pusillanimité. On éprouve quelque lassitude à vivre dans une maison dont les murs sont ébranlés par le canon. Quand le voisin part, en déclarant que le pire est à venir, on part aussi, dans la hâte.
Les habitants de Champaubert, parmi les réfugiés qui défilent devant leurs maisons chaque jour, croient reconnaître des espions Italiens, puis des bonnes sœurs de la cinquième colonne aux chaussures trop longues pour être honnêtes.
 
Les paysans ne veulent pas faire grimper sur leurs charrettes les curés affirmant que l’exode et la débâcle sont un châtiment du Ciel. En plus de leurs souffrances, ils n’ont que faire des discours moralisateurs. Ils cherchent à franchir l’Aube à Arcis, la Seine à Troyes, pour gagner le sud et bifurquer ensuite vers l‘ouest, vers la Mayenne riche en troupeaux, leur département d’accueil.
Bombardés et mitraillés sur la route, ils perçoivent dans les fossés les corps des soldats morts, les porcs en liberté dans les rues des villages qui fouillent les restes humains. Impossible de franchir la Seine, les ponts sont coupés. Il faut descendre le fleuve vers Troyes. A Pont-Sainte-Marie, le convoi s’arrête et rebrousse chemin. Les Allemands sont arrivés plus tôt que prévu. Ils font signe aux chariots de repartir, après une pause de ravitaillement en luzerne, en lait de vaches traites au bord des routes après avoir chargé le produit des rapines faites dans les fermes abandonnées.
Dans la traversée d’un village, entre Anglure et Champaubert, sur la route du retour, Paul Thibaut se souvient d’avoir vu, sur le bord de la chaussée, devant la porte ouverte d’une maison, une vieille femme attachée à une chaise mains derrière le dos et fusillée. Espionnage, cinquième colonne, représailles des Allemands contre les tirs venus des greniers et des toits sur les side-cars de reconnaissance ?
chars allemands pendant la bataille de france en 1940
exode paysans en 1940
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Sur la route de l'exode